En route de bon matin dans un brouillard dense, je croise beaucoup de vélos, en file, hommes se rendant à je ne sais quelles tâches, le foulard en fichu noué sous le menton, parfois une couverture jetée sur les épaules. Beaucoup ont des téléphones portables. Les champs et les rizières s’animent déjà. Je m’arrête au grand marché aux chèvres vers Dabgram, de toutes tailles, beaucoup de noires aux taches blanches, des toutes noires, des brunes claires ou foncées, attachées par groupes à une longue corde. Et les hommes discutent, calmement.
Je mange un mutton byriani, en fait c’est de la chèvre ! 1,3€ avec dessert et boisson. Je ne vais pas me ruiner pendant ce voyage. En bord de route, on trouve des restaurants partout, qui accueillent camionneurs, voyageurs, touristes indiens de plus en plus nombreux en voiture particulière.
Je ferai le plus souvent une centaine de kilomètres par jour, parfois plus.
Construit dans un petit parc arboré et fleuri, en bord de rivière, l’hôtel Manjusha de Murshidabad m’offre une chambre simple et propre avec balcon, à deux pas de l’ancienne cité royale que je visite en compagnie d’étudiants heureux de deviser en anglais, et de me faire découvrir avec une certaine fierté l’immense palace Hazarduari, le palais sacré Imambara, tout en blanc sur près de 100m de long sur deux étages , l’immense parc fleuri les abritant.
Je rejoins Jangipur par une petite route contre la frontière du Bengladesh, par Lalgola, bordée de fermettes devant lesquelles sèchent des galettes ou des bâtons de bouses de vaches. Des bœufs mangent dans des auges circulaires. Après une alternance de zones tranquilles, puis populeuses avec des petits marchés, je traverse des marécages fréquentés par des milliers de canards, des cigognes, des cormorans et de nombreux petits oiseaux.
Je traverse le Gange large de plusieurs kilomètres, je distingue à peine l’eau dans la brume.
Basé à Maldah (Ingraj Bazar), j’emprunte une piste exécrable de poussière, de trous géants, de gros cailloux, mais quel spectacle en bord de route avec encore ces fermettes, rizières, pécheurs au filet, vergers et pâturages, vachettes, moutons et chèvres…pour arriver au site historique de Gaur, comprenant dispersés vers la frontière du Bengladesh, des
mosquées et palais en briques rouges, des 14iéme et 15iéme siècles, bien conservés, où je suis seul à rôder.
Retour en ville que je visite à pieds, trouvant un de ces endroits rares et glauques où je peux boire une bière. La ville subit comme partout en Inde des coupures de courant quotidiennes, on s’y fait. Mariage dans la rue, tambours, clarinettes, danses…