600km à vélo :
Je me trompe à la sortie de Darjeeling, à cause d’un vieux souriant mais qui, n’ayant pas dû comprendre ce que je lui demandais, m’envoie tout droit sur une fausse piste qui descend à 8% sur 8 km, qu’il me faut remonter. La pancarte indiquant Jorethang a été plantée après le carrefour d’où elle est donc invisible.

Ça descend très très raide, avec des parties à bien 20%, impossibles à négocier en montant chargé, et vraiment limite même en descente, les freins serrés à bloc, je dérape et me fais des frayeurs.
Après quelques kilomètres de bon goudron, la route devient défoncée, zigzague dans les plantations de thé. Je croise des jeeps surchargées au moteur ronflant. Villages de bout du monde, gens souriants. Je suis parti bien habillé dans le froid matinal, et dois enlever couche après couche en descendant.
J’aperçois la rivière au fond de la vallée et la route quoique plus plate après 20 km, reste sinueuse jusqu’au pont où mon permis est contrôlé et tamponné. Je laisse Jorethang à droite pour remonter la vallée de la rivière Rongit. J’ai l’impression de monter tout le temps alors que Legship où je me dirige n’est qu’à 590m.
Soupe et momos aux légumes (grosses pâtes farcies) constitue mon repas de midi dans un petit resto de Reshi. Les gamins par ici réclament de l’argent et poussent le vélo, un peu casse pieds les mômes !
De Legship, la route, excellente, remonte en lacets alors que je ne suis plus très frais, mais l’effort me redonne du peps et j’arrive à la nuit à Geysing où je me paye une superbe chambre dans une resort isolée ; seul client, je me permets de négocier. Tôt le matin, j’ai droit à la vue sur le Kangchenjunga.
En montant sur Pemayantse, je m’arrête visiter les ruines de Rabdentse, ancienne capitale royale de 1670 à 1814, dont il ne reste plus grand-chose sinon quelques murs de pierres, mais accessible après une belle balade en forêt. Au monastère de Pemayantse, de l’ordre nyingmapa, les moines sont en cours de puja, l’intérieur est exceptionnel, photos interdites.
A Upperpelling un peu plus loin, une petite pâtisserie salon de thé propose de bons gâteaux. Pelling, petite ville devenue hyper touristique parce qu’on y a une vue sur le Kangchenjunga, me déçoit beaucoup ; on y voit que des hôtels à l’architecture quelconque.
La route descend en corniche au-dessus d’une rivière. Chaque village, comme celui de Darap, veut profiter de la manne touristique et des pancartes vantent les attraits des lieux, et le charme des petits hôtels.
Des gamins me narguent un peu sans méchanceté, un vieux les menace avec un arc sans flèche. Je descends jusqu’à Rimbi, beau village dans une vallée avec son jardin suspendu dans les rocailles. De 1140m, je dois remonter à 1850m, en pente assez douce d’abord, puis plus accentuée après une cascade, et j’arrive à Yuksom un peu fatigué. Je récupère vite, et à peine installé au modeste Pemathang, je pars à pieds à la découverte de ce charmant village bien aéré, qui malgré la présence de quelques trekkeurs a conservé son caractère rural. Pas de gros hôtel, mais des petites lodges de standing divers à tous les prix, deux ou trois petits bars restaurants où les rencontres sont faciles, quelques boutiques, un petit bazar, un centre communautaire connecté à l’internet, et les monastères dont le Dubdi, le plus vieux du Sikkim (1701) à une heure de grimpette du village par un chemin et des escaliers de pierre.