De retour à l’entrée, le chauffeur me demande un peu plus que ce qu’on avait convenu ensemble, 1000 roupies au lieu de 800, et 550 roupies pour l’entrée du parc.Ca reste raisonnable. Douche bouillante, diner même menu, couché tôt après petite balade nocturne, j’écoute comme souvent la BBC sur ma petite radio.
En 15 km, je rejoins la NH52 à Dhansirghat, au milieu d’une foule de curieux. A Dalgaon, je m’engage avec le vélo dans un immense marché, et coincé entre charrettes à bras, à bœufs, étalages de toutes sortes, j’ai bien du mal à en sortir. Mais quel spectacle encore, beaucoup de choux dans la région, des tas de semences que je ne peux identifier et on me donne le nom en Assamais. Comme souvent, il y a aussi un endroit pour les longs bambous qui servent à la construction de maisons, canalisations, échafaudages, barrières, des employés s’en servent aussi pour redresser les poteaux électriques…J’en vois souvent de longs convois sur des tricycles sur la route.
Les petites villes trépidantes de vie se succèdent, Kharupatia, Mangaldai, la circulation, surtout camions et bus, reste supportable par ici. Pas loin de la jonction NH52/NH31 et la route qui mène à Guwahati, Je fais un petit détour jusqu’au site archéologique de Madam Kamdev sur une colline, ruines de temples très anciens, 10 au 12iéme siècle, comportant quelques sculptures style Khajurâho. Des travaux me ralentissent un peu, ils transforment la NH31 en 4 voies. Après 126 km, je dors à Rangiya, ville quelconque dans un hôtel aux murs déjà tachés par l’humidité quoique neufs, à l’odeur de salpêtre. Mais le quartier de la gare reste animé en soirée, les contacts y sont cordiaux.

J’arrive toujours à trouver ma bière du soir, cette fois dans un petit magasin d’alcool planqué dans une ruelle.
Ce n’est pas la plus belle partie de mon voyage, avec ces travaux et un paysage inintéressant. Je suis content d’arriver en début d’après- midi à Barpeta Road, à 20 km du parc National de Manas. La Tourist Lodge occupe de vieux bâtiments, c’est calme et accueillant, chambre confortable équipée de l’indispensable moustiquaire. Cette ville semble être un carrefour commercial important, avec un nombre impressionnant de boutiques, un grand marché couvert aux innombrables ruelles, et des étals un peu partout, et quand je prends le lendemain la petite route menant au parc, je croise des types tirant des charrettes de choux, tomates, pomme de terre, concombres, paniers, bois, sable, paille…et la route est bordée de cultures maraichères.
Des enfants musulmans parcourent les rues d’un village, s’arrêtant devant chaque maison : l’un tire un vélo muni d’un haut-parleur, un autre chante, une voix pure inoubliable que je vais encore rechercher dans mes rêves jusqu’aux plus profonds de mes souvenirs.
Je longe une rivière sur une piste parfois bonne, parfois caillouteuse, en réfection par endroits par une horde de femmes et hommes transportant les cailloux, concassés au marteau, dans des paniers d’osiers. Le goudron est chauffé dans des tonneaux de fer ou des machines rudimentaires.

Les travaux durent longtemps, ça occupe du monde, donnant un petit revenu supplémentaire aux paysans.
Au hameau de Bansbari, au milieu des plantations de thé, je rends visite au Range Forest Officer qui gère le grand parc. Dans son bureau s’élève un impressionnant tigre naturalisé, il a dû être abattu après avoir tué 11 personnes, me voilà prévenu. L’officier m’offre thé et gâteaux, et m’assure que je pourrai trouver une chambre à la Bansbari Lodge un peu plus loin. Le parc abrite sur 950 km² une quarantaine de tigres, quelques léopards, 5 rhinocéros récemment amenés ici, des éléphants, cervidés, bisons, phacochères, et de nombreux oiseaux.