J’ai vu par exemple à Nha Trang, station balnéaire du centre, deux jeunes Australiens au ventre gonflé de bières, donner 20000 dongs et laisser la monnaie pour une petite balade en barque facturée 5000 dongs. Mais ça ne fait qu’un dollar de plus !Des ananas valant 1000 à 2000 dongs sont vendus 8000 dongs aux touristes, les noix de coco 5000 pour 3000 dongs. A Hoi An, des gamins revendent des journaux paraissant en Anglais ou en Français, récupérés, 10 fois le prix affiché, et parfois vous gratifient d’un « fuck you » si on refuse. Malgré tout Hoi An reste un des endroits les plus agréables du Vietnam, avec son marché en bord de rivière, ses petites rues aux maisons coloniales, et de magnifiques balades à faire à moto ou à vélo dans les environs.
vers Ninh Binh
En fait pour un Vietnamien, il n’y a pas de prix fixe, ils jaugent l’acheteur avec différents critères, et fixent le prix qu’ils estiment pouvoir être payé par celui-ci. Même les Vietnamiens sont ainsi discriminés. Certains hôtels affichent carrément 3 prix, le prix du Vietnamien local, le prix pour les Vietkeus, Vietnamiens de l’étranger, et le prix pour les étrangers. Et pas moyen de discuter !
A vélo, j’échappe parfois à ce côté désagréable. Je descends par la route mandarine. A Hué, belle ville du centre, je rencontre un instituteur français qui m’alerte sur l’arrivée de la saison des typhons dans cette région. Début octobre, je quitte le centre, deux semaines après, deux terribles tempêtes ravagent le centre, plus de 600 morts, les récoltes détruites, des milliers de sans-abri, la route et la voie ferrée coupée…Je pense à tous ces gens que j’y ai rencontrés. Plus au sud, je reçois quand même des pluies torrentielles, je me souviendrai longtemps d’un camping sauvage sous des hévéas, quand ma tente montée sur un petit monticule, se retrouva au milieu d’un lac !
A Dalat, plus fraiche à 1500m, je loue les services d’un guide francophone pour 10 dollars la journée. Il me fait visiter la ville et ses environs à moto, cascades, villages de montagne (il parle le dialecte des habitants) où il connait les familles, élevages de vers à soie, champignonnières, découverte de nombreuses plantes et arbres fruitiers. On rend visite à des familles Lat vivant chichement dans la montagne, dans des maisons de planches provenant des bois environnants, qu’ils n’ont en principe plus le droit d’exploiter. Ils ont beaucoup d’enfants, jusqu’à 10 par famille !Ils cultivent manioc, riz, café, haricots noirs…tentent de produire encore du charbon de bois. Pour chasser les moustiques dans les maisons ouvertes aux quatre vents, un feu de bois se consume au centre de l’unique grande pièce quasi nue. Le soir, ils dorment sur des tapis de bambous.
Saigon (Ho Chi Minh ville) vit en ce moment dans l’eau à cause des pluies torrentielles. Les millions de moto tentent de progresser, de l’eau jusqu’aux moyeux. Ça se calme un peu quand, après un tour dans le delta du Mékong, je prends la direction du Cambodge, dont les collines apparaissent et je suis avant midi à la frontière bon enfant de Mocbai.