
Le soir, je participe à un feu de camp chantant avec des étudiants de Calcutta. Ensuite, les jeunes de la lodge viennent me chercher et me conseillent de rentrer, des jeunes locaux se rassemblent là le soir, boivent exagérément et peuvent causer des troubles.
On peut rejoindre le Bhoutan en remontant à pieds le lit de la rivière, ce que font des groupes d’Indiens pour aller acheter des souvenirs dans un village bhoutanais. Je n’ai pas le droit d’y aller seul, et ne veux pas payer un guide. Des jeunes m’accompagnent jusqu’au village de Bhutia Basti dans la forêt de l’autre côté de la rivière. Des éléphants peuvent débouler à tout moment et sont imprévisibles. Tous les ans, ils causent près de 200 morts au Bengale Occidentale, de plus en plus stressés par l’envahissement de leur territoire par l’homme. Récemment, un éléphant a écrasé une petite voiture Maruti, blessant grièvement les 5 occupants, dont l’un mourra à l’hôpital. Les 15 maisons de bois sur pilotis du village diffèrent toutes les unes des autres.
Chacune possède une petite étable abritant 3 ou 4 vachettes, et son jardin. Ils vivent de peu, mais de cet endroit semble se dégager une certaine sérénité.
Je fais quelques connaissances à la lodge, un banquier indien, des nationalistes hindous assez désagréables, un photographe professionnel venant souvent ici pour les petits oiseaux très colorés et les papillons, sa collection de photos est remarquable.
De Rajabahtkawa, je prends un raccourci pour Hasimara. Deux types un peu fous en tricycle poussent des cris de cow-boys, tentant de me rattraper, un peu inquiet, je les maintiens à distance.
De nouveau sur la 31c, je rencontre deux népalais à vélo se rendant au Bhoutan. Dans la presse locale, j’apprends qu’un éléphant a tué un villageois vers la frontière bhoutanaise à Jagaon, ce qui a provoqué des émeutes et un groupe de maoïstes bien armés a attaqué un camp de militaires isolé, en tuant plusieurs.
Je roule en fait dans les Doars, cette région intermédiaire au sud des montagnes himalayennes, boisée, sur les couloirs de migration des éléphants, comme il est indiqué par endroit. Par deux fois, voulant traverser des zones boisées, on m’a fait rebrousser chemin, à cause des éléphants, vers les réserves de Chapramuri et de Garumara. De nouvelles routes empruntent leur territoire.

Je reprends la NH31c à Chalsa, mauvaise sur certaines portions, puis Mall. Beaucoup de gens chargés de bagages marchent, tous les transports sont bloqués par une grève. Avant Sevoke, la route surplombe en corniche une gorge au dessus de la rivière Tista, qu’elle traverse sur un pont spectaculaire, Coronation bridge. Juste après, j’arrive à la jonction en T, Kalimpong à droite, Siliguri à gauche à 20km et je vais y refaire un séjour de 2 nuits, retrouvant un trafic dense auquel j’avais échappé depuis Guwahati.
Envoi de colis, lecture de la presse, attentat terroriste meurtrier à Pune au Maharastra, attaques incessantes et incroyablement meurtrières des maoïstes sur des postes de police, plus de 40 morts dans l’état de Chhattisgarh…et grèves, manifestations dans le Gorkhaland, partie nord du Bengale Occidentale où une majorité des habitants d’origine népalaise réclament en vain la création d’un état séparé.