Je retrouve l’Inde chaude et populeuse, ses fermettes, vaches, rizières, gamins partant à l’école pieds nus, les petites villes grouillantes et sales, Naxalbari, puis Panikanti à la frontière, encombrée de files de camions et rickshaws.
Je trouve facilement la douane indienne, petit bureau indiqué par une pancarte, formalités rapides, 2 papiers à remplir, tampon, et hop. 1 Km plus loin, des locaux m’indiquent la douane népalaise où un type jovial m’encaisse les 100 dollars pour 3 mois de visa. Au bureau de change juste à côté, les 2 types m’accueillent les pieds sur la table, mais ne me roulent pas !
Il n’est que 11h30, je traverse Kakarbitta par une grande avenue bordée de magasins et de guest-houses. Quelques gens me saluent mais ils sont plutôt plus indifférents qu’au Sikkim. C’est plat, chaud, paysage pas très intéressant, j’arrive à Damak après 126 km, puis je vais faire de longues étapes.
Je pars très tôt et j’ai un peu de fraicheur jusque vers 10h. 156km jusqu’à Lahan, en traversant une zone aride bordée de sable blanc sur des kilomètres dans une atmosphère étouffante, des gens vivant là dans des cabanes en paille, se ravitaillant en eau aux quelques puits, puis le grand barrage controversé de Koshi. Il fait chaud dans la chambre, surtout pendant les coupures de courant.
73 km après Lahan, j’arrive à Bardibas à 11h, et j’ai décidé d’y prendre la direction de Dhulikel, par une soi-disant nouvelle route marquée comme goudronnée sur la carte Nelles, et au sujet de laquelle je n’ai pu obtenir aucune information sur le net. Je me ravitaille en eau et attaque la montée en compagnie d’un Indien ancien militaire, sympa mais un peu casse-pieds. C’est sec et dans la forêt clairsemée, les feuilles sont cuites par la chaleur. Le type veut m’inviter dans sa maison, mais voyant le chemin qui descend très raide dans la forêt, je décline, pas envie de remonter ça chargé. Je voudrais m’arrêter pour refroidir la cafetière en ébullition, mais pas d’ombre sous les rayons verticaux du soleil.

Enfin un peu d’ombre dans une petite descente mais sur du brulis. Je souffle dix minutes et repars sous le cagnard. Je trouve à manger dans un village. Je discute avec un type revenant d’une mission en Irak, et s’apprêtant à rejoindre la Tanzanie pour y travailler dans une mine, prêt à tout pour faire vivre sa famille. Il m’invite à dormir chez lui, mais j’ai envie de continuer. Il m’annonce les réjouissances, une piste très mauvaise bientôt et jusqu’à Singhmuli, et encore pire après sur une quarantaine de km. Et je suis vite sur une piste de mâchefer et de gros cailloux ronds où je n’avance qu’à 5 à l’heure, que ça monte où que ça descende. Il y a de l’eau dans les rizières, alors que les rivières sont à sec.3h30 pour faire 24 km.
Je trouve une chambre basique dans une modeste lodge de Singhmuli, avec douche dans des WC qui puent. La ville est en travaux partout, personne ne parle Anglais. Longue lecture.

Je repars à 6h accompagné par un jeune à vélo jusqu’à son village à 5 km où ça commence à monter sur une bonne route.
Ça grimpe bien sur 18 km, avec de nombreux ouvrages de protection contre les glissements de terrain, construits avec la collaboration des Japonais et je passe deux cols rapprochés. Un type sympa m’offre une soupe aux nouilles dans une gargote.
Descente de 13 km, puis à 13h, quelques kilomètres avant Kurkot commence la mauvaise piste dont j’avais presque oublié l’existence. Je traverse de pittoresques villages, mais je n’avance pas, c’est soit du caillou, de la boue, de grandes flaques d’eau, quand la piste reste au niveau de la rivière, soit de la poussière épaisse et des grosses pierres quand ça remonte raide. Je dois souvent tirer le vélo, même dans les descentes.