Après 18 km en plus de 4 heures, j’avise un grand plat herbeux en bord de rivière vers un hameau où je pourrais camper, mais observé par quelques pécheurs, et des casseurs de cailloux, ça ne m’inspire pas. Je demande à un gamin où je pourrais dormir au village, on fait plusieurs maisons mais tout le monde m’envoie promener et je monte la tente au bord de la rivière, entouré d’une dizaine de mioches, d’abord sympas, mais qui vont devenir tellement exécrables, tripotant le vélo pendant que je me lave dans la rivière vaseuse, que malgré la nuit tombée, je vais démonter et repartir distinguant à peine le chemin qui monte en zigzaguant. Une femme m’envoie encore promener quand je lui demande si je peux camper sur son terrain.
Je pense m’arrêter dés que je vois un endroit assez plat où je puisse me cacher et dormir juste sur mon matelas, mais je ne vois rien de convenable et je continue dans la nuit. De loin, je vois un de ces grands arbres où les gens se réunissent pour discuter, et quelques hommes sont encore là, dont un jeune journaliste, le seul parlant anglais.

Il finit par m’emmener dans le hameau tout proche chez une famille qui va accepter que je monte la tente dans leur cour.
La maison abrite trois générations, ils élèvent quelques bœufs et volailles, m’offrent à manger sur un tapis de bambou dehors, le journaliste m’explique un peu comment vivent ces gens, modestement mais heureux, presque en autarcie, chacun ayant quelques petits champs et rizières et quelques animaux, puis il me conseille d’aller dormir.
A 5h du matin, la maison se réveille, le vieux donne à manger aux buffles et aux chèvres ; on m’offre thé et galettes sèches et je pars, ne donnant rien alors que j’aurais dû, sur la piste serpentant entre maisons et champs, puis redescendant vers la rivière, avant
de remonter encore par cette piste de poussière épaisse où je dois pousser le vélo.
Je traverse encore de beaux hameaux, je regarde un type centrifuger du lait pour faire du yaourt.

Je prends une soupe aux nouilles toutes les 2 heures dans des petits restaurants bien sympathiques.
Beaucoup d’enfants se baignent un peu partout dans la rivière, de plus en plus étroite au fur et à mesure que je remonte la vallée. J’arrive à Népalthok d’où la piste en travaux devient plate sur 5 km puis goudronnée. 30 km avant Dhulikel, la route remonte un vallon sur une quinzaine de km, puis ça redescend un peu pour passer sur une autre montagne, et de montées en descentes, je finis par arriver à Dhulikel, ville de collines comme Shillong, Gangtok, Darjeeling, mais plus petite. J’en ai bavé et me paie un bon hôtel, le Dhulikel Resort, à flanc de colline avec une superbe vue sur les sommets himalayens de mon balcon, où je reste deux nuits, avant de rejoindre Katmandu, secouée par de l’agitation politique.
Après trois treks, dans le Khumbu (région de l’Everest), puis Helambu/Gosainkund/Langtang, et enfin le sanctuaire des Annapurna, je reprendrai le vélo pour Nagarkot à 2400m,
où malheureusement, un ciel bouché ne me permettra pas une dernière vision sur la chaîne de l’Himalaya.
Je rentre en France le 10 juin 2010 après 5300 km à vélo, 55 jours de trek, et 7000 photos.