Je quitte donc le Bengale Occidentale pour rouler maintenant en Assam puis au Meghalaya.
Ce n’est que récemment, après des révoltes ethniques, et soulèvement divers, que les états du nord-est de l’Inde, commencent à s’ouvrir au tourisme. Des 7 états, les « seven sisters », Assam, Meghalaya, Tripura, Manipur, Mizoram, Nagaland et Aranuchal Pradesh, seuls les 3 premiers sont accessibles sans permis.
En Assam, ils sont plutôt hindouistes et musulmans, chrétiens au Meghalaya. Particularités régionales, cultures et origines différentes, immigration, créent des tensions, qui se terminent parfois en violence.
Dhuburi, située au bord du Brahmapoutre là où il fait un coude pour se diriger au sud sur le Bengladesh, vit de cette situation géographique.
Des rives partent chaque jour de longues barques de bois chargées de dizaines de voyageurs rentrant chez eux, des bateaux chargés de jute, de bambous…
Beau spectacle au coucher de soleil. Bien logé et nourri au Prashanti Tourist Lodge, je me vois offrir à mon départ deux statuettes en terre cuite.
Peu à peu, le paysage change, je traverse des forêts, des collines apparaissent, davantage de mosquées, les faciès différent très légèrement, la langue également, chaque état ayant sa propre langue, où ses propres langues. L’Anglais y est assez bien parlé. Je vois beaucoup de fours à briques. C’est toujours un spectacle incroyable, avec ces immenses cheminées au-dessus des fours, et tous
ces gens payés à la pièce, qui malaxent le mélange de terre et autre, tassent dans le moule en bois, étalent les briquettes chacun sur leur périmètre pour le séchage, avant que d’autres ne  les transportent aux fours dans des charrettes rudimentaires.
Ils sont peu payés, venus d’autres régions de l’Inde, vivant dans des baraques de bambous le plus souvent en bord de route, en majorité femmes et jeunes hommes. Par deux fois dans des petites villes sans structures hôtelières, et aux alentours desquelles il m’aurait été difficile de camper, je serai héberger dans des chambres réservées aux fonctionnaires indiens, à Abhayapuri et à Boko. Entre ces deux villes, je traverse le Brahmapoutre sur un pont de 3 km de long, eau et brouillard se confondent. Je roule maintenant sur la NH 37, encore plus boisée, mais au revêtement pas toujours bon. Première grosse averse à Boko, vers 18 heures, je suis à l’abri.
A l’approche de Guwahati, la circulation se densifie, les grands boulevards à l’entrée de la ville sont en travaux, je dois rouler dans la boue un moment. Je voulais dormir dans l’enceinte du temple Kamakhya, que j’atteins par une route qui monte très raide en spirale sur 7 km, pour me rendre compte qu’il y a une foule impénétrable et que les chambres ne sont accessibles qu’en grimpant des escaliers trop longs pour y porter un vélo. De plus les marchands de  "bondieuseries " ne sont pas très sympas.
Je finirai par trouver une chambre dans le fancy bazar, qui porte bien son nom, ça grouille, les trottoirs et les bords de rue sont encombrées de marchands, les piétons se télescopent, les voitures qui s’y aventurent ne peuvent que klaxonner en vain dans l’indifférence générale. Des gamines ramassant et triant les détritus se chamaillent bruyamment. La ville s’étend sur 20 km, je vais beaucoup marcher, dans les bazars, sur les rives du Brahmapoutre, le long des réservoirs d’eau, lieu de promenade des amoureux. Je vais voir les rares langurs dorés sur l’ile de Peacok, ces singes longilignes aux poils très clairs, et à la très longue queue, les habitations traditionnelles des ethnies de l’Assam reconstituées dans le grand musée d’état, avec costumes et ustensiles, instruments de musiques.
On est le 25 décembre, le soir dans une proche église, une foule immense assiste à la messe de Noel. Les hôtels sont bondés. Deux pères noël dansent devant un centre commercial !
Je trouve du methylated spirit, de l’alcool, pour mon réchaud P3RS, et je pourrai enfin me faire des petits déjeuners maison dans ma chambre quand il n’y a rien qui me convienne.
Dans ces régions de l’Inde, j’ai du mal à faire admettre aux hôteliers que je veux partir tôt le matin, les employés, qui souvent dorment par terre dans le hall ou à la réception, ne se couchent pas très tôt et n’émergent que vers 7h. J’essaie malgré leur réticence de payer ma note le soir, et le matin, je dois bien souvent les réveiller pour récupérer  le vélo et partir vers 6h30.