Les Nagas se montrent vraiment accueillants, il n’y a  pas d’agressivité et je me sens maintenant en confiance dans cet état. Je pars direction sud pour Wokha et Mokokchung. Ça monte déjà un peu sur une route pas trop mauvaise, pour redescendre jusqu’à 1200m, puis je vais passer deux cols à environ 1500m. Villages tranquilles, forêts, belles vues sur les collines et rencontres agréables, on m’offre thé, œufs durs, oranges…Je vois plusieurs fois un type avec une petite voiture, il s’arrête souvent  pour photographier les oiseaux avec son téléobjectif. On finit par discuter. C’est un photographe animalier, le seul du Nagaland, me dit-il, et il me propose de faire étape chez lui à Wokha, où sa femme gère une épicerie/restaurant. Je souffre dans une dernière longue montée sur une route défoncée, et malgré une modeste étape en kilomètres (80), je suis sur les rotules. Des policiers en civil contrôle mon passeport, je leur apprends qu’il ne faut plus de permis pour le Nagaland, ils l’ignoraient ! Ils connaissent Steve, le photographe et me conduisent chez lui. On part aussitôt en voiture, malgré l’heure déjà tardive, 16h, pour aller jusqu’au barrage sur la rivière Donyang, par une petite route descendant en serpentant dans la forêt, et on arrive de nuit. Il trouve de l’alcool, bière pour moi, whisky pour lui, il m’avoue boire un peu trop ! Et on s’installe sur la digue du barrage, à discuter des problèmes locaux, des coutumes et légendes, des ethnies…de deux jeunes nagas qui ont parcouru le Nagaland à VTT. On entend des explosions, ce sont des pécheurs à la dynamite ; des types partent avec des fusils, à la chasse de nuit. Tout ça est interdit mais les locaux n’acceptent pas ces règlementations édictées par des autorités ne vivant pas ici. De retour chez lui, Stève me montre ses photos d’oiseaux, pas mal si on considère son matériel assez modeste. Sa femme prépare un succulent repas, ils sont de l’ethnie Lotha, dont la cuisine serait la meilleure du Nagaland : riz, dhal, poisson, viande de porc de différentes cuissons, légumes, tout est préparé à la vapeur. Je dors sur un matelas dans une petite pièce attenante au restaurant. Pas un bruit dans la nuit.
Je repars à 6h du matin, passant une belle bosse dans les cailloux, et ça redescend en pente douce sur environ 25 km, la route devenant nettement meilleure, à part quelques passages défoncés. Je passe la rivière Donyang sur un pont métallique gardé par des militaires souriants, et j’attaque la montée. Des militaires en jeep me proposent de m’emmener, ce que je refuse. Une série de bosses casse-pattes   m’amènent aux pieds de
la ville de Mokokchung, abritant plusieurs grands camps militaires, et construite aussi sur une série de collines, très propre. J’y reste deux nuits, ici aussi, les gens m’ignorent et me laissent errer tranquillement dans les rues et sur les marchés.
Wokha/Mokokchung(Nagaland)